samedi 23 juin 2018

INTRÉGRATION PROFESSIONNELLE : QUÉBEC, PAYS D’ÉCUEILS (PARTIE II)


Le grand défi de l’intégration
L’accès à un emploi reste l’une des meilleures façons de bien s’intégrer dans une société. En trouver un qui répond à leurs attentes : voilà le grand défi des travailleurs qualifiés. Éducomax, un organisme qui intervient dans le domaine de l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants, n’en disconvient pas. 

C’est dans cette perspective qu’il organise au moins deux fois l’an le Salon de l’emploi, de la diversité et de l’intégration. En lançant l`édition de mai dernier, François Jean-Denis, PDG de l’institution, montre que cette initiative répond à un besoin réel relativement à l’accès au marché du travail de la clientèle visée. 

« Éducomax se positionne plus que jamais comme le carrefour d’informations des nouveaux arrivants et de tous ceux qui veulent réussir. Il leur donne la possibilité d’être conseillés, orientés et accompagnés par des acteurs professionnels. Ces derniers leur offrent des services et des renseignements utiles pour faciliter leur intégration », lance M. Jean-Denis dans son discours d’ouverture.

Ronald Justin, arrivé parmi les 2 859 Haïtiens admis au Québec en 2014, considère le discours du PDG comme un vœu pieux. Pour avoir participé à près d’une dizaine d’activités du genre, l’étudiant en maîtrise en gestion publique à l’École nationale d’administration publique (ENAP) estime qu’elles sont stériles. « Beaucoup d’activités, beaucoup de déplacements et beaucoup d’efforts pour des résultats pratiquement nuls », se désole-t-il, après sa participation au Salon du 27 mai 2017 d’Éducomax. 

M. Justin, qui souhaite terminer sa maîtrise pour retourner en Haïti, ne cache pas sa déception : « Je m’attendais à avoir la possibilité de travailler et d’étudier en même temps. Mais la réalité est que je devais choisir un emploi en dessous de mes capacités. Alors, j’investis sur le long terme en contractant des prêts pour étudier. »

Le visage affligé des immigrants
Ronald Justin, père de deux enfants, dont la plus jeune est née l’année dernière au Québec, souligne les contraintes pour concilier travail, études et famille avec flexibilité. « Dans ma ville natale où je bénéficiais du soutien de mon entourage familial et de l’aide d’une femme de ménage, ma femme et moi enseignions au secondaire. 

De plus, j’étais cadre dans un bureau régional du ministère de l’Économie et des Finances », explique cet homme détenteur d’une licence (l’équivalent d’un baccalauréat nord-américain) de l’Université d’État d’Haïti.

Le visage affligé, cet ancien cadre de la fonction publique haïtienne se rappelle ses différentes expériences professionnelles, ses diverses sources de revenu et le « style de vie » qu`il avait en Haïti. « Mon immigration au Canada n’est nullement liée au contexte interne du pays [Haïti], à savoir les facteurs économiques et politiques. C’est beaucoup plus lié à la tendance, la politique migratoire du Québec, qui attire des professionnels qualifiés vers son territoire ». 

Ronald reconnait avoir été influencé par le vent du vaste mouvement migratoire des professionnels haïtiens vers l`Amérique francophone. Une destination de plus en plus convoitée et une immigration extrêmement diversifiée.

Le mythe de la réussite au Québec s’est créé chez beaucoup d’Haïtiens, basé sur l`adaptation relativement facile des premiers immigrants haïtiens. Un rêve est donc apparu: la possibilité de s’installer plus facilement au pays de la Révolution tranquille, compte tenu de la parenté  linguistique existant entre les deux peuples. 

« Les informations véhiculées sur le programme des travailleurs qualifiés laissaient croire que chaque immigrant devait atteindre son plein potentiel. J’y croyais fortement ! C’est la raison pour laquelle nous avons tout laissé pour être ici aujourd’hui », ajoute la femme de M. Justin, Germanie Pierre-Charles, enseignante et diplômée en sciences de l`éducation, qui l’accompagnait à l’entrevue.

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